Le cancer est une priorité de santé publique et représente en France la première cause de mortalité chez l’homme et
la deuxième chez la femme. Le rapport Remontet et al. publié en 2003 présente une photographie détaillée de la
situation française, localisation par localisation, selon des évaluations réalisées à partir des données sanitaires
disponibles (registres de cancer et mortalité). Dans ce document on estime à 63 % l’augmentation globale de
l’incidence des cancers durant la période 1978-2000.
Cette augmentation est ramenée à 35 % si l’on prend en compte la part liée au vieillissement de la population.
Dans les décennies précédant cette période, l’industrialisation, l’urbanisation, le développement rapide de la société de consommation, des transports et de l’agriculture intensive ont entraîné des modifications
considérables de l’environnement humain à l’échelle tant individuelle (modes de vie, habitat, travail) que collective
(air, eaux, sols, changement climatique). L’ampleur de ces changements et leur accélération depuis un siècle est
unique dans l’histoire de l’humanité.
Le rapprochement de ces constats sanitaires et environnementaux soulève des questions scientifiques et
sociales sur l’origine environnementale possible de cancers dont les causes sont inconnues ou mal expliquées par les
facteurs de risque classiques socio-comportementaux (tabagisme, alcoolisme, virus transmissibles) ou par des
expositions professionnelles (en général à doses élevées).
Ce sujet est régulièrement mis en lumière par les médias ou encore à l’occasion de crises sanitaires locales
provoquées par la suspicion d’agrégats de cas spatiotemporels ou clusters au voisinage de sites anciennement
ou actuellement pollués, ou encore d’installations technologiques nouvelles (antennes relais de téléphonie mobile).